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Produire et manger local : un homme, un site, une expérience


Dans l'Aude, à Castelnaudary, j'ai entamé dès le 9 Septembre 2008 une expérience : celle de me nourrir exclusivement, durant une année, de produits ayant poussé à moins de 150 km de chez moi et en faisant mon possible pour consommer le maximum dans un rayon de 15 km...

Nous vivons avec une épée de Damoclès : celle de la raréfaction et de l'augmentation du prix du pétrole. Notre nourriture dépend de lui pour sa production comme pour son acheminement. Dans ce contexte, que se passe-t-il si l'on enlève à nos sociétés cet élément déterminant ? 

Engagé, je cherche un moyen de sensibilisation autour des questions de souveraineté alimentaire, de préservation de la terre nourricière et de son accès. Entendant parler d’une expérience de deux journalistes canadiens qui, il y a quelques années, s’étaient nourris avec des produits exclusivement locaux, je me suis dit que ce pourrait être un outil pédagogique intéressant. 

Tout en affichant très clairement dès le début que je m'accorderai des dérogations pour ne pas me couper de la société car ce n'est justement pas le but, je me lance ce défi. C’est la mise en scène de ma propre expérience de mangeur local, de « locavore », qui me servira d’outil pour sensibiliser à la fois l’opinion publique, les élus et les médias. Pour moi, la production locale pour une consommation locale, n’est pas un repli sur soi mais une question d’ordre public.

Je prône d’ailleurs un nécessaire «service minimum alimentaire». Loin d’une démarche de repli sur soi, il s’agit de faire bouger les mentalités et les élus, vers une société de l’après-pétrole et une concurrence, en dépit de la Loi SRU, sur la destination des terres.

Voilà quatre ans, soucieux de la pérennité des exploitations locales et d'un approvisionnement régulier en légumes de qualité à destination des consommateurs du Lauragais, j'ai fondé la première Association Pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne (AMAP) du département de l'Aude, permettant de conforter une ferme et satisfaire des consommateurs friands de bons légumes de saison. Puis, au printemps dernier, avec quelques mangeurs, nous avons organisé la liste d’attente et fait contractualiser avec un autre paysan une vingtaine de personnes que ne pouvait absorber notre maraîcher mais ce fût après une « chasse à maraîcher » qui a duré deux ans…..: même avec la demande organisée et apportée «sur un plateau», ce fût la croix et la bannière pour en trouver un. 

Cette situation, quelque peu surprenante au premier abord, qui met en évidence une curieuse concurrence entre consommateurs et non entre producteurs, m’a incité à réfléchir à un scénario catastrophe: combien de temps tiendrions-nous avec ce que les paysans produisent autour de chez nous s’il y avait une guerre, une grève des camionneurs, un renchérissement plus prononcé du pétrole, un «détournement» de la nourriture au profit de pays qui auraient dès lors plus d’argent que nous car l’alimentation est « jouée » sur les marchés internationaux…

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